L'histoire du break commence dans le Bronx des années 70 et est intimement liée à la destinée d'un chef de gang, Aka Kahyan Aasim membre des Bronx River Project, une fraction des Black Spades. Il va changer d'orientation et créer, sous le pseudonyme d'Afrika Bambaataa, la Bronx River Association, plus tard renommée Zulu Nation en 1974 à la suite de la vision d'un Film, Zulu War.
Poussé par ses études sur l'histoire de l'Afrique et son amour pour la musique, il veut catalyser l'énergie des jeunes gens de son quartier dans des activités artistiques pour éviter qu'ils ne finissent dans des gangs. Transformer l'énergie négative de la rue en énergie positive par le biais de l'art est le vecteur de la Zulu Nation. Elle prône ainsi des valeurs d'images positives de fraternité et de partage.
Un nouveau mouvement était en train de naitre, le Hip Hop, et la Zulu Nation allait illustrer sa philosophie de vie. Ce mouvement, dont les 4 piliers sont le Rap, le Graffiti, le DJing et la Break Dance, est né au milieu des années 70 aux Etats Unis en réaction aux luttes violentes pour la survie dans le ghetto new yorkais. Il est donc marqué par la culture de rue.
image002_304L'influence du DJ d'origine jamaïcaine Kool Herc dans le développement de cette culture qui s'oppose à la culture de violence qui régnait alors dans ces quartiers défavorisés des métropoles américaines, est aussi à noter.
Cet immigré jamaïcain, se rend compte que l'énergie des gens sur la piste de danse atteint son paroxysme à certains passages d'une chanson où ne sont présentes que la ligne de basse et la ligne de batterie. Il décide donc de jouer ces passages en boucle. Pour ce faire, il utilise deux tourne-disques et met le même disque sur les deux platines. Il passe ainsi d'un disque à l'autre, répétant le même passage. Ce passage s'appelle un break, ou Breakbeat. Comme les premiers breakeurs fréquentaient beaucoup les soirées de Kool Herc, on les a appelés les breakers ou B-boys pour Breakin Boys, ce surnom leur ayant été donné par Kool Herc lui-même. Par extension, on utilisera le terme break dance.
À la fin des années 1970, New York est un vivier cosmopolite où chaque couche d'immigration a développé son style de danse. Il est vraisemblable que les danses les plus populaires à l'époque étaient le Good foot et le Popcorn, inspirées des chansons Get On The Good Foot et Popcorn de James Brown. Ces danses consistaient en un mouvement de jambes rapide, où les danseurs passent d'un pied d'appui sur l'autre. On peut y noter une certaine ressemblance avec certains mouvements du Swing, du Charleston, du Lindy hop ou des Claquettes. Cette danse devait sans doute aussi se danser sous forme de défis. La mode de se défier viendrait de l'atmosphère gangster environnante, mais aussi des concours de talents, qui sont alors très populaires, sans oublier les défis traditionnels dans certaines danses africaines. Le Good Foot a pu ensuite donner naissance a l'Upwork, où deux personnes (ou plus) dansent face à face en imitant une bagarre. La règle de la danse stipule qu'il est interdit de toucher son adversaire. On ne sait pas exactement ce qui un jour a poussé les danseurs à descendre au sol après l'exécution de leurs mouvements de jambes. Les hypothèses sont nombreuses. Les films de Kung-fu avaient alors un succès phénoménal et l'Art martial chinois inclut énormément de positions au sol. Un autre art martial, la Capoeira, également très populaire, est une source fondamentale de la Break Dance. Les Danses traditionnelle cosaques ont également inspiré les breakers. En effet, certaines danses russo-slaves reposent sur les mêmes principes que le break une exécution rapide d'un mouvement de jambes puis exécution de mouvements au sol.
L'âge d'or new-yorkais (1977-1986) vie avec des groupes comme Zulu Kings ou bien Nigger Twins, on peut enfin parler de Break Dance. La boite de nuit le Roxy lui ouvre ses portes et on peut apercevoir l'effervescence dans le film Beat Street.
Les figures de sol basiques sont alors le six-pas, six-temps, ou six steps, le trois-pas, trois temps, ou three steps, les freezes, tels que le baby-chair, le back-spin, la coupole. Le break va alors connaître une période d'effervescence et de créativité avec des groupes comme les Rock Steady Crew, les New York City Breakers, les Magnifiicent Force ou les Dynamic Rockers, sacralisés par l'objectif de Martha Coopers.
Le Hip Hop et surtout la Break Dance sombre en 1986, ils deviennent démodés à New York.
Le renouveau et la Break Dance en France
En 1981 existaient de rares émissions de radio diffusant des musiques noires, dont celle de Sydney sur Radio 7 ou de Dee Nasty sur Carbone 14. On dit que Dj Chabin est le premier Dj à avoir fait entendre du rap en France, The Smurh, vinyle acheté par hasard aux USA.
La première apparition officielle de la Break Dance en France remonte à la tournée de New York City Rap Tour organisée par Europe 1 en 1982, tournée dans laquelle sont présents Afrika Bambaataa, Grandmixter DST and the Infinity Rappers, les graffeurs Dondi et Futura 2000, Fab5 Freddy et les danseurs du Rock Steady Crew. Les artistes se produisent à l'hippodrôme de Pantin, puis au Bataclan et au Palace. Le Bataclan était le lieu où une partie de la scène Hip Hop se retrouvait orchestrée par les platines de DJ Chabin et autour des défis de danse plutôt Jazz Rock.
Parmi les groupes qui se formèrent on comptait les Paris City Breakers, les Street Kids et Aktuel Force, avec des danseurs tels que : Solo, Franck le Breaker Fou, Scalp, Willy, Nicolas, Joey, Shen, Gabin, Bouda, etc.
Tous ceux qui dansaient sur les rythmes funk et soul sont saisis par les quelques images de danse aperçues à la télévision dans l'émission Echo des Bananes.
Le mouvement Hip Hop s'installe en France au début des années 80. Par ses origines sociales et revendicatives, il concerne d'abord les milieux issus de l'immigration, les quartiers défavorisés. Le développement de ces derniers en France a créé en quelque sorte une identité sociale. Il connait un fulgurant développement médiatique qui fera penser à un mouvement de mode. Il élargira par la suite son territoire géographique et social.
Marie France Brière, directrice des programmes de TF1 en 1984, intéressée par le phénomène, demande à Sydney de créer une émission sur ce mouvement, il imagine HIP HOP, qui sera immédiatement l'émission culte de toute une génération. Sydney avait composé une équipe de danseurs, les Paris City Breakeurs : FrankIILouise, Solo (futur dj du groupe Assassin) et Scalp avec qui il se déplaçait dans les cités des banlieues partout en France.
Sidney y reçoit des invités américains, y donne des cours de danse, porte les lunettes du créateur Alain Mikli et montre les dernières fringues Hip Hop, que le phénomène de mode de l'époque appelait Smurf, à cause des larges bonnets qu'arboraient les danseurs américains.
L'hexagone est alors contaminé.
blockpartyterrainvague1_339Dansé en grande majorité par des jeunes gens issus des quartiers difficiles, le Break se transformera vite en ruée vers l'or. Une véritable effervescence, tout le monde danse, tout le monde s'entraine. Dans les cages d'escaliers ou sur des cartons dans la rue. Et à Paris le terrain vague de la Chapelle découvert par les BBC (Bad Boys Crew) composé des graffeurs Jay, Skki, Ash2 et Slaze, deviendra le lieu clef du mouvement Hip Hop qui se retrouvera fédéré autour des platines de Dee Nasty, DJ Jo ou encore DJ Max.
Bambaataa et la Zulu Nation joueront un rôle important dans l’arrivée et le développement du Hip Hop dans l’hexagone. Plus tard Queen Candy créera la Zulu Letter, le premier Fanzine Hip Hop. A la fin des années 80, la branche française de la Zulu Nation sera la plus importante après celle du Bronx, mais des problèmes interne au mouvement Hip Hop et l'acharnement des médias auront raison de la Zulu Nation en France.
Le Hip Hop est alors perçu comme un phénomène de mode, et des gens extérieurs au microcosme Hip Hop s'intéressent à ces jeunes qui tournent sur la tête, leur faisant miroiter un semblant de star système. Mais le succès massif de cette émission conduira paradoxalement à l'arrêt de sa programmation, Sidney et son équipe voulant faire un show plus important. À la rentrée suivante, Sidney, propulsé en couverture des magazines, revient avec une nouvelle émission, mais cette fois la programmation est trop influencée de variété et l'esprit originel a disparu, le succès n'est pas au rendez-vous et tout s'arrête. Le phénomène de mode du "smurf" disparaît, seuls les inconditionnels poursuivent le chemin du Hip Hop en France.
L'arrêt de l'émission marque la fin de la médiatisation du Hip Hop et la fin de l'inspiration.
Début 85 sonne le glas de la culture.
Avec la fin de l'émission les jeunes ont pensé que tout s'arrêtait, que c'était fini. Les mairies ont arrêté de subventionner les petits groupes et pour beaucoup le Hip Hop était mort.
La traversée du désert a été longue et difficile pour tous. Malgré l'âge sombre du Break, certains danseurs, véritables passionnés, tels que Gabin des Aktuel Force, Nabil de Quintessence ou encore Xavier Plutus et Karim Barouche, vont continuer de pratiquer cette danse.
L'après Sydney se joue dans l'ombre.
le groupe Aktuel Force, fondé en 1984 participe entre 1984 et 1993 à plusieurs compétitions de Break Dance qu'il remporte en France et en Europe. Ce succès permet ainsi à la jeune troupe de tourner bon nombre de clips vidéo, de collaborer aux défilés de mode de Paco Rabanne et de se produire à l'Elysée Montmartre et au Palais des Sports.
Entre 1993 et 1995, Aktuel Force décide de créer deux spectacles, Hip Hop Story et Sodebo, en lien étroit avec le Théâtre Contemporain de la Danse et son directeur de l'époque, Christian Tamet. Le triomphe est tel que Sodebo connaîtra une tournée hexagonale en 1994, après sa présentation au Casino de Paris. La force de travail de la troupe de Gabin et sa prestance sur scène propulseront Aktuel Force sur scène aux côtés des Suprême NTM (Kool Shen ayant fait partie des premiers danseurs des Aktuel) au Zénith et au Bataclan à Paris.
Porte-parole de la culture Hip Hop en France, la troupe use dedes Suprême NTM tous les supports pour transmettre leur passion de ce type de danse : ainsi, à leur présentation aux Rencontres des Cultures Urbaines de la Villette s'ajoute leur participation au long-métrage de Jean-Pierre Thorn Faire Kiffer les anges en 1996. Gabin Nuissier réitèrera l'expérience cinématographique auprès de Jean Pierre Thorn dans On n'est pas des marques de vélo en 2003 dans lequel il donnera la réplique à Sydney et Bouba.
Le Battle Of The Year est créé en Allemagne en 1991 organisé par le danseur allemand Tomas Hergenröther. Il s'inspire d'une compétition similaire qui avait eu lieu en 1990 à Bruxelles et qui avait opposé les meilleurs danseurs européens du moment (le français Gabin Nuissier, le belge Najim Power ou bien l'allemand Storm)
En 1995, Le groupe Franco-italien Family (Nabil, Alassane, etc.) remporte la victoire face aux Hongrois, les Enemy Squad. La Break Dance est alors de retour en Europe et pour longtemps cette fois.
En 1998, le groupe français Family arrive en finale face aux groupes américains Rock Force Crew. En 2001, la France remporte le championnat du monde grâce au Wanted Posse, l'année suivante, les Vagabonds arrive en finale face à la Corée, puis l'année suivante ce sont les Pokémons qui vont marquer la différence encore une fois face à une Corée qui monte en puissance, en 2004, Les Fantastik Armada perdent en finale face à une autre équipe coréenne, les Gamblers, et en 2006, les Vagabonds l'emporte sur une Corée du sud devenue véritablement un vivier de Bboys.
Nous sommes maintenant bien loin du temps des guerres de gangs au Bronx, et la Break Dance s'éloigne peu à peu du Hip-Hop, s'en détache par non nécessité pour rejoindre le courant du Punk Rock. Le style Evolve ou Abstract style a été créé, il semblerait, au Texas et à Las Vegas. Il consiste, pour la danse, en des mouvements souples, parfois trash et suicidaires, et redoublent d'ingéniosité. Ce style comprend les Vegas b-boys qui ne doivent pas toucher le sol avec les pieds lors d'un passage en se soulevant à la force des bras et en se faisant des mutilations : poser le pied sur sa main. Les vêtements changent et, à l'inverse des costumes Hip-Hop larges, les jeans se resserrent et se trouent, les cheveux poussent et sont parfois colorés...Cette vague n'est pas encore très visible en France et dans les autres pays, sauf aux États-Unis où elle prend de l'ampleur. Cette évolution a pour but de repousser toujours plus loin les limites et de refléter le nouvel état d'esprit des Bboys qui ne sont pas toujours issus d'un milieu Hip-Hop.
Le français Benji, membre du groupe Division Alpha va faire de l'Evolve son arme de battle. Coatché par Youval, il sera le premier en France à affronter les danseurs dans un style très incisif et complètement novateur pour l'époque. Youval crée alors des affiches de légendes nommées 1000% où Benji affrontera des danseurs de renoms comme Junior, sur la mythique place des Halles ou encore l'un des plus grands danseurs américains, Crumbs. Le français est alors invité à rejoindre les rangs des Rock Force Crew pour participer au Freestyle Session 8 et tient dans la foulée le haut de l'affiche dans le film le Défi.
Youval, de son coté remet la France en ébullition en organisant de plus en plus de battle underground, il relance les défis de break en France grâce à un concept de battle engagé et très controversé, le 1000% dont on retrouve en ligne la vidéo le soir même sur Style2ouf, site crée à l origine pour des petites vidéos de cascades, de break et d'acrobaties. Style2ouf a vu le nombre des ses membres grandir d'un seul coup à la suite de l'arrêt brutal du site Hip Hop de l'époque, Hip Hop.fr. A la suite de divergence avec Style2ouf, Youval crée son site Hip Hop le 1000pour100.com, s'entoure d'un staff, et nourrit en vidéos téléchargeables gratuitement l'insatiable appétit des danseurs français, puis du monde entier.
Aujourd'hui le Hip Hop est planétaire, les danseurs poussent de partout et en France, il n'existe pas un jour sans un Battle.
Du Mans, en passant par Nice ou Cherbourg, de Rennes à Quimper et à Saint Brieux, De Paris, Lyon, Marseille, jusqu'à Bordeaux, toutes les villes de France organisent des battles tout au long de l'année et il y a un référant dans chaque ville.
30 ans après sa naissance, le Hip Hop est toujours en évolution et le succès de cette culture est planétaire.
Source : Steadygun pour 1000 pour 100